Suis-moi, je te fuirai pas.

lundi 16 avril 2012

Sleeping beauty

Je ne suis pas allée voir Sleeping beauty, de Julia Leigh dés sa sortie ciné car ce film me semblait trop blanc, trop lent, trop chiant : comme la vie avant le printemps.
Mais aujourd’hui, alors que je disais à une amie que la vie était une pute, je me suis dit, pourquoi pas ne pas voir un film de pute, pourquoi ne pas regarder la vie?
Ainsi ai-je vu sleeping beauty.

Lucy (Emily Browning) est rousse, pâle, frêle, étudiante et jolie.
Elle se fait faire des lavements dans la gorge pour gagner de l’argent, se fait tirer par un inconnu rencontré dans un bar après avoir tiré à pile ou face puis rentre chez elle et se fait engueuler par son colocataire qui lui demande de payer le loyer et de laver les joints de la salle de bain.
Puis elle fait des photocopies dans une grande entreprise, va chez son amant Birdmann (Ewen Leslie) qu’elle vouvoie en lui servant des céréales à la vodka.

Lucy n’est pas dans la chanson des Beatles et elle veut changer ça.

Ainsi accepte-t-elle une étrange mission professionnelle.
Lors de l’entretien, son employeuse lui dit :
«-Votre vagin ne sera pas pénétré : votre vagin est un temple.»

Lucy devient Sara, se fait pédicurer, manucurer, épiler le maillot à la cire et souffrir le martyr et lorsqu’elle rencontre ses collègues pour la première fois, l’une d’entre elles lui suggère de choisir le rouge à lèvres qui sera le plus assorti à ses grandes lèvres.

Demain, j’irai chez Séphora, j’y montrerai mon abricot et j’exigerai de la vendeuse qu’elle me trouve une teinture de rouge à lèvres à son niveau.

Sa première mission Mâlepower consiste à servir à boire en sous-vêtements à des mecs vieux et chics lors d’un dîner en ville : la routine.
Ses sous-vêtements sont blancs alors que toutes ses collègues en portent des noirs. Parce que vous comprenez, Sara, c’est la pureté.
Cette soirée semble sympathique : une ambiance Eyes Wide Shut/Histoires d’O/Apolonide sponsorisée par Paris Première.
Ou une impression de regarder Arte sans être défoncé.

Lucy continue à faire des photocopies, à voir Birdmann qu’elle semble aimer et à accepter de plus en plus de missions.

Voilà en quoi consiste son boulot : Elle se rend dans la maison de son employeuse Clara qui l’endort, la met dans un lit et des mecs vieux (des vieux mecs parfois aussi) ont le droit de l’utiliser à la condition de ne point la pénétrer ni lui laisser de trace.
Elle se réveille alors chaque matin comme si de rien n’était.
Ses clients sont tellement vieux qu'en toute situation elle demeure leur belle aux bois dormant.

Métro, boulot, lexo : Tel est son nouveau crédo.

Lucy se trouve un bel appart, se fait virer avec joie du photocopiage, perd Birdmann qu’elle aimait et continue de se faire endormir pour subsister et que de vieux messieurs vivent leur vit.

Elle a raison Lucy : ne vivant point de rêve éveillé, autant vivre ses cauchemars endormie.

«La peur de la mort est un grand canular», dit-elle.

La fureur du vit aussi.

Sleeping beauty n’est pas un film de pute, c’est un putain de film.


En DVD depuis le 20 mars 2012



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