Suis-moi, je te fuirai pas.

jeudi 24 mai 2012

De rouille et d'os

Aller voir le dernier film de Jacques Audiard un jour de grand soleil, c'est comme épouser son amant: du gâchis.

Après Intouchables le téléfilm, j'ai enfin vu Intouchables, le film: De rouille et d'os.
Ce n'est plus Omar le héros, mais un simili Fred (blond) : toujours aussi pauvre mais beau, belge, viril, musclé, tatoué et surtout acteur, Matthias Schoenaerts.

Marion Cotillard remplace François Cluzet dans son rôle de torse et elle ne s'en tire pas si mâle.
La bande-annonce de ce film était pour moi la plus mauvaise bande annonce de l'histoire des mauvaises bandes annonces et le pitch, digne d'un mauvais Guillaume Musso (excusez le pléonasme), c'est pourquoi j'ai attendu un matin tête dans le paté pour me rendre au Pathé. (plus mauvais jeu de mots de l'histoire des mauvais jeux de mots, j'en conviens.)

De ce film, ce soir, mes draps se souviendront à la seule pensée de Matthias Schoenarts mais à l'instant, ce sont mes yeux rougis qui s'en souviennent.

De rouille et d'os commence comme un film des frères Dardenne: Ali, un SDF pauvre et blond se promène avec son fils de cinq ans pauvre et blond.
Sauf qu'il l'emmène à Antibes, ville que les Dardenne, par respect pour la beauté crue, n'auraient jamais osé filmer.
Il y retrouve sa soeur, caissière et pétée de thunes : il y a une vingtaine de yaourts dans son frigo, se remet à manger, délègue l'éducation du morveux à cette femme et enchaîne les petits boulots (videur, gardien de nuit, boxeur pour les gitans : les trucs physiques car tu comprends il est vachement musclé et méga kaïra: Ali, c'est le Ryan Gosling belge)

Videur, il fait la connaissance de Stéphanie (Marion Cotillard), la sauve d'une bagarre et lui dit qu'elle est habillée comme une pute. Car Ali, fort de tous ses attributs, drague super bien. Stéphanie vit avec un mec odieux et dresse des orques (son métier ridicule est la raison principale pour laquelle j'ai hésité à aller voir De rouille et d'orques).
Mais contrairement aux dauphins et aux petits chiens, les orques sont méchantes et privent la belle Stéphanie de ses deux jambes.
Audiard filme les moignons, c'est monstrueux.


J'ai eu mal physiquement pendant ce film, je touchais mes jambes pour m'assurer de leur présence et me pris à plusieurs reprises à dire à voix haute: "Monstrueux".

Physiquement, oui, le film est donc réussi puisqu'il m'a fait idolâtrer mes jambes, qu'importe aujourd'hui l'état de leur épilation, je vous le promets. J'ai même envie de danser, c'est dire.

Ali continue sa vie, ses petits boulots, il commence des combats de boxe ultra violents et Stéphanie l'appelle quelques mois après son accident.

Commence alors entre ces deux êtres une relation sans artifice aucun, une relation animale, moins violente qu'une relation entre orques cela dit.

De faire l'amour avec des moignons, Stéphanie a commencé.

Mais prend-elle son pied? Pas si sûre.

De rouille et d'os est un film sur la rage de vivre, le désir, la violence et non un film sur les orques et l'amour comme je le craignais.

La fin est un cliché bâclé à la Titanic (un histoire de congélation) mais putain comme c'est beau.

A l'image de Matthias Schoenaerts, Jacques Audiard signe un film grand, fort, violent, physique, sexuel.

Et surtout un film qui dénonce la méchanceté des orques.



Au cinéma depuis le 16 mai 2012


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