Suis-moi, je te fuirai pas.

lundi 30 janvier 2012

L'Apollonide

Madame rêve d'apesanteur
Des heures des heures
De voltige à plusieurs.

Alain Bashung

Je n'ai pas vu l'Appolonide lors de sa sortie cinéma car je craignais qu'il fût, fort de son réalisme branché, un film Assommoir.
Mais Zola a aussi écrit Nana et ce film en est sa version féministe et sensuelle.
Pas un film sur les serviettes hygiéniques, oh non.
J'ai aussi retrouvé Maupassant et mes années lycée à travers la partie de campagne des filles, leur seule sortie, leur pique-nique.

Voilà, j'ai placé mes références Inrocks.

L'Apolonide n'est pas une ode aux filles joie : c'est un film sur le Monstre = celui qu'on montre du doigt.
Ils sont beaux mes seins? Elles sont belles mes fesses? Il est défiguré mon visage? Il me demandera en mariage un jour, tu crois?

C'est un film sur le désir de l'autre.
L'Autre, ceux sont les clients aux désirs qui font mâle :
-taillader une fille,
-demander à une autre d'arrêter de poser des questions et de parler japonais, même pour de faux,
-demander à une autre d'être une poupée.

"Ça pue le sperme et le Champagne ici."
Et non ce n'est pas une phrase volée à Thierry Ardisson lors de sa découverte des Chandelles mais une phrase de putain. Car ""Putain est un métier de putain."

Ça pue aussi les dettes, les maladies, le renoncement, la perte au Je.



Et pourtant l'Apolonide, qui remportera le César de la meilleure photographie parce que je ne me trompe jamais, est magnifique.

On s'y cache, on y danse avec des loups, on y fait l'amour à plusieurs sur fond de concerto numéro 23 en A majeur de Mozart et on se rend compte que cette musique n'est pas la création originale de la pub Air France.

Plus le propos est douloureux et plus le film est beau.
Comme moi.

En DVD depuis le 8 février 2012





samedi 28 janvier 2012

J'aime regarder les filles

Comme j’ai Pierre Niney dans mes amis facebook et que je vais l’inciter à lire cet article, je me dois de parfaitement critiquer le film qui l’a révélé au grand public :
«J’aime regarder les filles».

Car homme qui me lit à moitié dans mon lit.


Comme Pierre Niney, le scénario est mignon et fleure bon le film socialo-communiste :

A la veille de l’élection de Mitterrand de 1981, Primo (Pierre Niney) le prolo tombe amoureux de la riche Gabrielle (Lou de Laâge qui semble avoir mis des prothèses PIP dans la bouche mais en fait non).
Afin de lui plaire, il s’invente un pedigree, une vie.
Son meilleur ami le rasta ne comprend pas qu’il se travestisse pour plaire à une «pétasse de BCBG» et l’impossibilité de son amour avec Gabrielle rend sa fougue d’autant plus forte.
Mais Gabrielle est riche et comme le propos est socialo-communiste, cette dernière ne s’intéresse qu’à elle, à son apparence, ses copains méchés passant leurs étés à Ramatuelle et de Primo n’est qu’attirée que par la différence. Et Bourdieu en filigrane vient nous souffler qu’il y a impossibilité de mixité sociale et qu’on est condamné. Primo se fourvoie dans le mensonge et son âme le rattrape.

Vous trouvez pas qu’on dirait du Zola? Et bien, pas que.
Marcel Achard est aussi dans la place, Pierre Niney faisant preuve d’une légèreté telle qu’on dirait Jean de la lune, sorte de marionnette romantique flottant au dessus de la vie.

Il y a un peu d’amour dans ce film,de poésie pas mal et d'amitié beaucoup (la scène de la bouteille de vin sur les toits de Paris entre Malik (le rasta, meilleur et seul ami de Primo : Ali Marhyar, convaincant) est plus forte que n’importe scène d’amour.

La morale est absurdo-mignonne, Pierre Niney aura le Césoir du meilleur espoir.


Et surtout, Bourdieu perd à la fin.


EN DVD depuis le 3 janvier 2012





jeudi 26 janvier 2012

Melancholia

Le monde s’écroule mais le monde, c’est quoi? Juste une grosse boule qui roule sous nos pas.
Julien Baer

Justine (Kirsten Dunst) épouse Michael dans le somptueux manoir de pété de tunes et pragmatique John (Kiefer Sutherland), époux de sa soeur, la triste Claire (triste? Charlotte Gainsbourg, sans blague.)
Au fil des festivités que lui organise la très rationelle Claire, Justine sombre dans une profonde mélancolie et elle confie à sa mère (Charlotte Rampling en pleine caricature d’elle même) qu’elle a peur, ce à quoi, évidemment, la mère répond «Fuck off».
Normal les gars, Lars Von Trier, c’est trop un ouf.

Puis les scandales éclatent parce que Lars Von trier est trop un provocateur de la mort : Justine insulte son patron en lui disant que son agence de pub, c’est du vide (légère métaphore de l’Oeuvre du réalisateur en passant), faute avec un ex futur collègue et perd en une soirée son mari et le courage d’être heureuse.

Allégoriquement, le film aurait pu s’arrêter après le mariage qui signe déjà la fin d’un monde : celui de Justine.
Mais le mystère ne planerait pas autant autour de Lars Von Trier si ce dernier était bon et concis.

Justine sent la fin du monde venir, elle sait que la planète Mélacholia (comme c’est romantique ce nom, Lars), qui se rapporoche de plus en plus de la Terre, tous viendra les emporter, elle a le Shining Justine, elle a lu Stephen King et maté des films de Kubrick, sûr.

«La terre est mauvaise, inutile de se lamenter sur elle», dit-elle à Claire qui se désagrège au fil du drame.

Surtout si la lamentation dure plus de deux heures, Lars.
Quand une aurait suffi.

Melancholia est un film sur l’instinct de survie.
C’est un beau film, tout le monde m’avait dit : «Vois Melancholia, c’est un beau film.»
Wagner envoie du bon son aussi et le thème autant que la réalisation se défendent, contrairement à ceux d’"Antichrist» qui m’avait faite mourir de rire alors que ce n’était pas le propos.

Un film de l’instinct, donc. Dommage que ce soit aussi un film de l’instant.

Alors comment ne pas finir sur un autre philosophe que Lars, le non moins grand Joe Dassin :
Si tu t’appelles Mélancholia, on est fait pour l’oublier ensemble.


EN DVD depuis le 3 janvier 2012




mardi 24 janvier 2012

Blue Valentine

Ryan Gosling signe ici son premier grand rôle et comble de tout : il parle et est très drôle.
Je suis tombée amoureuse de Ryan grâce à Blue Valentine et Drive +les marches du pouvoir ont annihilé sa mémoire.

Blue Valentine, c'est L'amour dure trois ans 3, le dernier volet.

Dean (Ryan Gosling) tombe amoureux de Cindy (la blonde ex nympho de Dawson) parce qu'elle est blonde et qu'elle fait des études et que lui est déménageur et pauvre donc romantique.
Il la fait rire, lui joue du yukulélé donc elle l'aime.
Normal.

Mais Cindy est enceinte de son ex et Dean l'épouse et devient mari et fan, mari et père mais pas mari et pair.
En effet, Dean est peintre en bâtiment, boit chaque jour comme un trou et caresse son chien plus que sa femme qui elle, est devenue médecin.

C'est à la mort du chien qu'on arrive dans le dernier volet de l'amour.
C'est le début du film.
De flash backs en flash backs, on comprend pourquoi Ryan s'est mis à boire, pourquoi il a aimé Cindy pourquoi Cindy n'a pas pu refuser sa demande en mariage : il lui a fait un cuni dés le premier rapport. On comprend aussi que l'amour se nourrit d'argent, de culture, de muscles et de vie sociale et que même si tu t'appelles Ryan Gosling, que tu chantes, joues du yukulélé et fais des blagues, tu peux pas garder éternellement une fille si tu restes pauvre et alcoolique.

Sauf si cette fille c'est moi.

EN DVD depuis le 30 novembre 2011


Parlez-moi de vous

D’accord, je vais vous parler de moi, cela tombe bien : c’est le seul domaine où j’ai de vagues connaissances.

Vous vous étonnez sans doute de trouver parmi les films critiqués ici une grande majorité de films français. Rassurez-vous : ce n’est pas mon nationalisme qui est en cause, j’ai subi une opération de la myopie il y a un mois et les sous-titres m’apparaissent encore flous mais il faudra que je vous fasse part tout de même de mon avis sur «Shame», «A dangerous method».
«Edgar J» ne mérite quant à lui aucun mot si ce n’est ce dernier : monstrueux.

Je vous parle de moi encore un peu avant d’en venir au titre, qui hélas, est celui d’un film (j’aurais bien parlé de moi encore beaucoup) :
Je suis la conseillère es couples de toutes mes copines, une sorte de tata Christine toujours au courant de l’infidélité de l’un, du mensonge de l’autre, toujours prompte à recommander tel style d’épilation. Aussi, quand j’ai lu le scénario de «Parlez-moi de vous» et que j’ai cru vaguement comprendre que Nicolas Duvauchelle avait envie de pécho Karin Viard, je me suis fait un devoir d’aller voir ce film pour comprendre comment cela était possible et pour dire à mes copines que si Viard pouvait se taper Duvauchelle, alors tout était possible.

«Parlez-moi de vous» est un film sur l’abandon.
Karin Viard, allias Claire le jour et Mélina le soir est une sorte de Bree Van de Kamp solitaire, elle collectionne les paires de Louboutin dont une paire lui fait office de chaussons, elle est psycho-rigide, très riche et sans ami : en apparence : une caricature.Le soir, elle est la Macha Béranger de Radio France, son émission cartonne, elle déchire sa mère.
Quoique.
Au fil du film on découvre qu’elle a été abandonnée enfant, placée chez les bonnes soeurs et elle apprend avec nous l’existence de sa mère Joëlle et de sa famille, en banlieue.
Horreur.
Elle tente d’entrer dans la vie de gens qui lui sont opposés tant par le milieu social (la grande couronne, tout de même) que par les liens, soudés, qu’ils semblent afficher.
Et Lucas (Nicolas Duvauchelle) apparaît, il est le beau petit-fils de la mère sponsorisée par le motif léopard de Claire et tombe amoureux de Claire parce qu’ (prenez des notes les filles) elle est froide, solitaire, riche et coincée et qu’elle se targue d’un mépris de surface à l’égard du beau Lucas. Ah oui, et parce qu’elle souffre aussi. Mais nous ne sommes pas dupes, nous avons bien compris que Lucas rêve de s’amouracher d’une «cougar» pétée de tunes, lui le fils de prolétaires avide de gloire. Car ouais, vous comprenez, c'est un artiste du quotidien : un photographe qui a pour modèles des inconnus pauvres et banlieusards. Quel écorché vif ce Lucas.
Au delà de l’histoire d’amour à peine ébauchée à laquelle il ne m’est pas possible de croire (désolée les filles!, j’ai versé ma larmichette devant cette femme en quête d’amour maternel.

Et il n’y a aucune morale dans ce film car il nous permet cette question :
«Est-on obligé d’aimer sa famille?»
Le film nous donne des réponses, moi j’en ai une.
Et vous?

Sortie cinéma : 11 janvier 2012




lundi 23 janvier 2012

La piel que habito

Si je ne suis pas allée voir ce film à sa sortie cinéma, c'est parce que je craignais, au regard de la bande annonce, que ce dernier soit trop ethéré, vide, symétrique et ennuyeux comme un loft en banlieue.


Mais outre la photographie et le montage par trop milimétrés, prenant le parti de la perfection au détriment de l'émotion, le film est bouleversant à plusieurs aspects :

-Les codes du drame classique sont bouleversés et même une tragédie de Racine paraîtrait bon enfant à côté du machiavélisme ambiant.

-L'actrice est belle et pour moi qui trouve toute autre fille que moi monstrueuse, oui c'est bouleversant.

-On ne sait plus bien si, entre Antonio Banderas et la peau qu'il habite, il s'agit d'un rapport Pygmalion/muse, bourreau/victime, sado/maso, amoureux/amoureuse, ammoureux/amoureux ou si ce sont tous ces rapport à la fois.
Ce qui rend le scénario et la psychologie des deux personnages principaux, fascinants.

-Le génie d'Almodovar réside justement dans le fait de traiter un drame par tous les biais autre que le pathos.
Tout y est sublimé et surtout l'horreur.
Aussi,réside t-il un seul bémol : la fin moralisatrice.



Fais moi mâle, Antonio, fais moi mâle.


EN DVD depuis le 17 décembre 2011




L'amour dure 3 ans


On pourrait reprocher à Frédéric Beigbedder de renier son personnage en nous offrant, pour son premier film, une comédie romantique à l'amer-i-ken.
Commercial "L'amour dure 3 ans"? Oui.
Comme l'idée de l'amour.
Le film roule en effet sur l'idée de l'amour, le fantasme de l'amour, l'amour de l'amour, la foi en l'amour et toutes les fois de l'amour. L'amour serait alors beau comme le rouge à lèvre jamais ne dépassant d'Alice (Louise Bourgoin), chic et décontracté comme un premier rendez-vous d'amoureux à l'hôtel Amour, adolescent comme une nuit d'ivresse sur la pelouse du Champ de Mars, mediatico-romantique comme la déclaration d'humour de Marc Marronier (L'imperturbable Gaspard Proust) à Alice en direct du Grand Journal de Canal plus.

Mais ne nous y trompons, le vrai amour, si tant est qu'il existe, Frédéric Beigbbedder sait aussi nous le montrer, via Bukowski : : "L'amour c'est la brume au petit matin avant quelle ne se dissipe", "3 ans de desir sexuel, pas plus", selon le sociologue Pascal Bruckner, le micro pénis de Nicolas Bedos (campant ici le cousin grotesque de Marc Marronier) et l'infidelité qui en découle, nos mains qui se transforment en gant Mapa quand l'objet de notre désir ne nous voit même plus comme objet.

Le vrai amour c'est nous parfois et l'idée de l'amour, ce sera fou, toujours.
J'ai ri du début à la fin.
Une fin qui heureusement rendrait presque le titre trop optimiste.

Car ouf, Frédéric Beigbedder reste Frédéric Beigbedder.



Sortie cinéma : 18 janvier 2012

L'art d'aimer

Emmanuel Mouret est L’amoureux des mots et c’est pour ça qu’il est mon amoureux.

Ces mots donnent envie de faire l’amour quand François Cluzet dit à Frédérique Bel-merveilleux feu rouge de l’histoire- :
«Le désir est comme des feuilles qui poussent sur un arbre», elle succombe enfin, elle qui attendait d’être sûre d’être amoureuse avant d’embrasser le 2ème homme de sa vie.

Ces mots donnent envie d’amour exclusif quand Elodie Navarre (qui était ma copine au lycée, n’en sous-estimons pas l’importance) annonce à son bellâtre de Gaspard Ulliel qu’elle a envie de le tromper avec Emmanuel Mouret.

Ces mots peuvent être un texto «Je t’aime, je t’aime, je t’aime» et me faire rire.

Mouret est aussi le photographe du désir. Le désir partagé, le désir différé, le désir multiple, le désir d’aimer, le désir d’aller voir ce film un mercredi matin Place Clichy alors qu’on avait rendez-vous chez un ophtalmologiste pour le désir de voir Emmanuel Mouret sans lunette.

Le prologue du film a fait danser mon coeur: Il décrit avec une précision quasi médicale la mélodie que nous chante l’amour quand on le rencontre.

J’aurais souhaité cette première partie éternelle.

Le dénouement, quant à lui, est gentil, joli, rigolo et cocasse.

Les précédents films de Mouret étaient bons, beaux, drôles et osés.

Mais Emmanuel Mouret reste Emmanuel Mouret et la preuve que les poètes n’ont pas encore déserté le cinéma français.
Ni les sexologues d’ailleurs.


Sortie Cinéma : 23 novembre 2011

De bon matin

Souvent, quand je sors d’un film américain qui avait pour héros une bonnasse de mec au sourire tonyglandyl et aux muscles Habitat et que ce dernier m’a laissée une bonne impression, je me demande si, avec Gérard Jugnot comme héros, ce même film m’aurait plu. Il n’y a pas de musique dans «De bon matin» est les initiales de Jean-Pierre Daroussin sont JPD. Pourtant, je mets 3 M à «de bon matin». 1er M : Quand Jean-Pierre Daroussin mange des céréales dans une tasse en caleçon robe, ni je suis dégoûtée, ni je m’enfile un Xanax. 2er M : J’ai tiré de ce film une leçon qui va simplifier ma vie : il ne faut pas s’investir dans son travail. Je suis enseignante, demain nous regarderons secret story 24h/24 avec mes élèves. 3ème M : Malgré la monté de la violence et de l’injustice, je ne m’attendais pas du tout à cette fin. Un film américain, on en veut encore, ce film là, il nous prend au corps.

Polisse

Polisse, c’est Joey Starr qui tient dans ses bras un enfant africain en larmes arraché à sa mère et qui le console en me faisant pleurer à mon tour comme à mon premier râteau, tout ça parce que j’avais les cheveux courts et des lunettes. Polisse, c’est Maiwenn qui met des lunettes pour être «plus crédible»dans son rôle de photographe à la brigade de l’enfance et qui les enlève pour rendre Joey Starr raide dingue d’elle et nous avec. Polisse, c’est LA scène de danse de Joey Starr. Polisse, c’est Marina Fois qui parle «pulsion de bite» et Karine Viard qui parle «pulsion de sentiments». Polisse, ce sont des kebabs dans le 19ème, des boubous à Chateau d’eau, Sandrine Kiberlain mariée à un pédophile (instant troublant où sa fille lui annonce : «Papa m’aime trop»). Polisse, c’est Nicolas Duvauchelle qui manque de mourir mais finalement non : ouf, il est tellement beau. Polisse, c’est Jérémie Elkaïm qui emploie le mot «austraciser», que même le correcteur d’orthographe, il trouve pas ce mot. Polisse, ce sont des enfants, des policiers, de l’amour et une soirée mimes. Polisse, c’est une pizza aux truffes : drôle d’aspect, finalement très bon. Et surtout qui tient au corps. Et au coeur. Merci Maïwenn.

Les bien-aimés

Je peux vivre sans Christophe Honoré/ Mais mon problème mon amour c'est/ Que je n'peux vivre sans bien l'aimer.

C'est au nombre de bouteilles d'eau que mes larmes pourraient remplir devant un film que je mesure son intensité.
A plus de douze bouteilles, "les bien-aimés" frise le 22/20. Et de la part d'une maîtresse sévère (c'est mon métier maîtresse sévère), ce n'est pas rien.

La scène d'ouverture n'a rien à envier à la photographie de Jacques Demy : Ludivine Sagnier, toute en blondeur et en escarpins est une prostituée certes, mais qu'on embrasse et avec qui on rit. Comme de la vie dans les années 60. On lui pardonne ses minauderies tant son maquillage de voiture v(i)olée la met en valeur. Une prostituée par accident, amoureuse par accident, enceinte par accident et heureuse de ces accidents par accident. La vie.

Chiara Mastroianni m'a fait pleurer de la première à la dernière image, heureusement que mon maquillage est plus proche du sien (tellement naturelle du début à la fin) que celui de Ludivine Sagnier puisque les pandas n'ont pas d'argent pour aller au cinéma. Sa voix est grave, son visage est dur, à l'image de sa vie amoureuse qu'elle veut dramatique : en effet, qui d'autre à part elle refuserait l'amour d'un Louis Garrel -tellement incisif pour une fois- pour s'amouracher d'un guitariste américain qui n'aime en elle qu'un miroir grossissant l'égo?

Je veux me faire muter dans le lycée où Clément (Louis Garrel) enseigne le français, Monsieur le recteur.

Chaque personnage est bien-aimé dans ce film, mais pas par celui qu'il voudrait.
Mais le désir n'est pas le vouloir, merci pour cette leçon Monsieur Honoré, c'est la philo que j'enseignerai quand je serai mutée dans le lycée de Clément.
Beaucoup de possibilités d'interprétation mais aucune issue si ce n'est ce film.

J'ai adoré les bien-aimés.

EN DVD depuis le 18 janvier 2012